Comment les animaux acquièrent-il leur personnalité ?
Une nouvelle étude menée par des chercheuses et chercheurs du LEHNA sur un escargot d’eau douce met en évidence l’importance de l’environnement de développement dans la construction de la personnalité de chaque individu, bien davantage que l’environnement de leurs parents. Ces travaux sont publiés dans la revue Proceedings of the Royal Society B.
Les propriétaires d’animaux domestiques l’ont déjà observé : le comportement d’un animal est très variable d’un individu à l’autre. Certains individus sont timides et se cachent au moindre bruit, alors que d’autres sont plus téméraires. La personnalité animale désigne ces différences de comportement entre individus qui se maintiennent au cours de la vie. Elle définit la manière dont les individus agissent et appréhendent leur environnement. La personnalité animale est un phénomène répandu et a été décrit chez de nombreuses espèces allant du poisson à l’araignée, et même chez les bactéries. Cependant, son origine reste encore mal connue.
Dans une nouvelle étude, des chercheuses et chercheurs du Laboratoire d’écologie des hydrosystèmes naturels et anthropisés (LEHNA – Université Claude Bernard Lyon 1/CNRS/ENTPE) ont émis l’hypothèse que le comportement des animaux serait plus ou moins diversifié en fonction de l’environnement qu’ils ont expérimenté au cours de leur vie, ou de l’environnement de leurs parents. Hypothèse qu’ils ont testée sur la physe aigu? (Physa acuta), un petit escargot d’eau douce présent dans tous les cours d’eau de France.
A gauche : physe aigüe (Physa acuta) ; à droite : lorsqu'elle détecte un prédateur, la physe aigüe fuit en sortant de l'eau. Crédits LEHNA
L’équipe du LEHNA s’est intéressée en particulier à la réponse comportementale de ces escargots à leurs prédateurs – des écrevisses. En élevant une première génération d’escargots - les parents - en l’absence ou en présence d’odeurs d’écrevisses, et leurs descendants de la même manière, les chercheurs ont mesuré chez les descendants un comportement contre les prédateurs bien connu : le temps mis pour fuir le prédateur. En effet, la physe se met hors de portée de ses prédateurs (écrevisses, poissons) en sortant de l'eau.
Résultats : chacun des escargots possède une personnalité qui lui est propre. Certains escargots sont peureux - fuite très rapide - alors que d’autres sont plus téméraires - fuite lente. De plus, ces différences de comportements entre les escargots se sont maintenues au cours des différents tests. Ces comportements se sont révélés plus diversifiés chez les escargots qui se sont développés en présence d’odeurs d’écrevisses que chez les escargots qui se sont développés sans odeurs. En revanche, les expériences vécues par les parents ne semblent pas intervenir sur la personnalité des descendants.
Ces résultats montrent comment les différentes expériences, bonnes ou mauvaises, qui ponctuent la vie d’un individu peuvent forger sa fa?on d’appréhender son environnement, c‘est-à-dire sa personnalité, mais sans pour autant forger la diversité de personnalités de ses descendants.
La personnalité animale. A gauche, exemple avec trois escargots ; à droite l'effet de l'environnement de développement et de l'environnement parental. Crédits LEHNA
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